René Houstin – Le Gast.
Souvenir des carrières du Gast.
« Mon père était granitier. On avait une carrière et puis on extrayait la pierre. On travaillait surtout pour les monuments funéraires : sortir des blocs, couper les morceaux et tout ça. Et après, ça partait chez un marbrier qui polissait tout le truc. C’était comme ça les petites carrières de ce temps-là. On était deux ou trois, ça dépendait du boulot qu’il y avait ».
« La carrière de mon père était dans le lieu-dit Les Communes. Ça appartenait aux Pellerin bien sûr, on louait. Toutes les carrières, c’était Pellerin qu’était propriétaire. Les carrières étaient à 100 mètres les unes des autres. Il y avait du bleu et du blanc de Vire. Perazzi, c’était du blanc, mon père, c’était du blanc... Il y avait une autre carrière dans le même secteur, mais c’était du bleu. Le grain du granit était plus fin et la couleur plus foncée un peu. Ça se tenait à 4-500 mètres de distance à peu près. Le blanc, c’était beaucoup plus pour les monuments funéraires. Le bleu était plutôt pour la construction. Dans le bleu, il y avait le grain fin et le gros grain, il y avait 2 espèces ».
René souligne l’importance de l’extraction du granit dans l’emploi local : « Il y avait plein de carrières. La famille Eude, ils étaient six ou sept à travailler dans leur carrière. Perazzi, c’était la carrière la plus importante du coin, ils étaient bien une quinzaine. Il y avait aussi Bombasaro, c’était des Italiens aussi, ils étaient trois ou quatre frères. Les carrières, elles étaient situées dans cinq kilomètres à la ronde ».
La transformation du métier intervient avec l’introduction du machinisme. « Parce qu’au début tout était fait à la main. C’était un poinçon, un marteau et puis toc, tic, toc, tic... Et après on avait des appareils qui nous aidaient beaucoup : les compresseurs, les pistolets et tous ces trucs-là. Ça, c’est venu dans les années 1950. Dans les années 1950, il y avait quelques carrières qui avaient un compresseur comme les Perazzi ».
Le père de René a exploité la carrière jusqu’à sa retraite. Comme les autres du secteur, elle n’a toutefois pas eu de repreneur car, progressivement, la famille Pellerin a décidé de ne pas renouveler les concessions et d’enclore sa propriété. « Alors qu’il y avait plein de carrières, Pellerin a décidé que c’était fini. Y’en avait partout des carrières ! Et puis maintenant, il n’y a plus rien, rien... ».