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34. Souvenir des carrières du Gast

René Houstin – Le Gast.

Souvenir des carrières du Gast.

« Mon père était granitier. On avait une carrière et puis on extrayait la pierre. On travaillait surtout pour les monuments funéraires : sortir des blocs, couper les morceaux et tout ça. Et après, ça partait chez un marbrier qui polissait tout le truc. C’était comme ça les petites carrières de ce temps-là. On était deux ou trois, ça dépendait du boulot qu’il y avait ».


René a grandi dans ce monde du granit aux côtés de son père. « 
Mon père, il a dû commencer à l’âge de 15-20 ans, je ne sais pas vous dire. Avant, il devait être commis de ferme. Je n’ai pas connu mon grand-père ». Le père de René a travaillé avant la Seconde Guerre mondiale pour l’entreprise de marbrerie Peschet, de Saint-Sever. « C’est mon père qui faisait tourner la carrière. Et puis la guerre est venue et tout le monde est parti de son côté. Mon père était gérant chez Peschet, de la carrière dans le bois. Après la guerre, il s’est mis à son compte, dans le même secteur du bois, mais dans une autre carrière ».

« La carrière de mon père était dans le lieu-dit Les Communes. Ça appartenait aux Pellerin bien sûr, on louait. Toutes les carrières, c’était Pellerin qu’était propriétaire. Les carrières étaient à 100 mètres les unes des autres. Il y avait du bleu et du blanc de Vire. Perazzi, c’était du blanc, mon père, c’était du blanc... Il y avait une autre carrière dans le même secteur, mais c’était du bleu. Le grain du granit était plus fin et la couleur plus foncée un peu. Ça se tenait à 4-500 mètres de distance à peu près. Le blanc, c’était beaucoup plus pour les monuments funéraires. Le bleu était plutôt pour la construction. Dans le bleu, il y avait le grain fin et le gros grain, il y avait 2 espèces ».

René souligne l’importance de l’extraction du granit dans l’emploi local : « Il y avait plein de carrières. La famille Eude, ils étaient six ou sept à travailler dans leur carrière. Perazzi, c’était la carrière la plus importante du coin, ils étaient bien une quinzaine. Il y avait aussi Bombasaro, c’était des Italiens aussi, ils étaient trois ou quatre frères. Les carrières, elles étaient situées dans cinq kilomètres à la ronde ».

La transformation du métier intervient avec l’introduction du machinisme. « Parce qu’au début tout était fait à la main. C’était un poinçon, un marteau et puis toc, tic, toc, tic... Et après on avait des appareils qui nous aidaient beaucoup : les compresseurs, les pistolets et tous ces trucs-là. Ça, c’est venu dans les années 1950. Dans les années 1950, il y avait quelques carrières qui avaient un compresseur comme les Perazzi ».

Le père de René a exploité la carrière jusqu’à sa retraite. Comme les autres du secteur, elle n’a toutefois pas eu de repreneur car, progressivement, la famille Pellerin a décidé de ne pas renouveler les concessions et d’enclore sa propriété. « Alors qu’il y avait plein de carrières, Pellerin a décidé que c’était fini. Y’en avait partout des carrières ! Et puis maintenant, il n’y a plus rien, rien... ».