Gérard Langlois – Vire Normandie.
Les ouvriers paysans.
Gérard, comme de nombreux travailleurs du granit, a été double actif. Il a combiné son activité au sein de l’entreprise David, à Saint-Michel-de-Montjoie, avec l’exploitation d’une ferme, en compagnie de son épouse, sur cette même commune. Mariés en 1969, ils reprennent l’exploitation laissée par ses beaux-parents et la développent progressivement. « On s’est agrandis et, après, on a monté les bâtiments. À la fin, on est sorti avec une cinquantaine de bêtes, à La Foresterie, à côté de la carrière à Chatel ». À côté de cela, Gérard occupe le poste de contremaître au sein de l’entreprise David, en charge du polissage et de l’appareillage des pierres tombales.
Dans l’entreprise, l’organisation reste assez souple pour s’adapter aux travaux des champs et des jours sont libérés, notamment quand arrive la période des foins. Gérard a négocié un rythme spécifique : « Moi j’ai travaillé toutes les semaines 5 jours complets, c’est-à-dire une semaine complète, alors que les autres ne travaillaient pas un vendredi après-midi tous les 15 jours. Je m’étais entendu avec Claude David. Nous, on faisait de l’ensilage de maïs. Quand c’était l’ensilage, si j’avais besoin d’une journée, je donnais le travail pour une journée à tout le monde et je prenais ma journée ». Il se passe la même chose pour les autres ouvriers : « S’ils avaient besoin d’une journée, ils prenaient une journée. Ils prévenaient à l’avance ! ». Évoquant le cas d’un ouvrier : « il faisait du foin, son foin allait être sec… Bah, on s’arrangeait, il prenait 2-3 heures. Soit il les récupérait, soit il prenait une journée de RTT. Y’avait une bonne ambiance… ».
Avec le temps, la double activité a diminué chez les ouvriers et la logique managériale s’est un peu plus imposée dans l’entreprise, créant des tensions avec le nouveau directeur. « Il aurait voulu qu’on ne travaille pas chez nous, il prétendait qu’on devait travailler uniquement chez lui, pas travailler chez nous… Ça s’est passé qu’on a continué… Moi j’ai quand même bien le droit d’aider ma femme à faucher ou à donner à manger à mes bêtes ! ».