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31. Le transport des blocs de granit avec les chevaux

René Houstin – Le Gast.

Le transport des blocs de granit avec les chevaux.

Une des problématiques des travailleurs du granit est le transport de leur production, qu’il s’agisse des blocs destinés à être travaillés en ateliers, notamment pour les monuments funéraires, ou des produits finis (moellons, pavés, mosaïques…) produits directement dans les carrières ou à partir des boules de surface. Avant que les camions ne fassent timidement leur apparition, à partir des années 1920, c’est la traction animale qui est sollicitée pour ces charrois. Pendant longtemps encore, ces deux modes de transport vont cohabiter.


René se souvient du charrois des blocs avec les chevaux : « 
Quand j’ai commencé moi, les moyens de transport, c’était avec les chevaux. Il y avait des transporteurs. Il y en avait un, Leprovost il s’appelait. Il était de Coulouvray ce bonhomme-là. Il avait peut-être une dizaine de chevaux et puis il avait les charrettes, mais alors ! Il avait les tombereaux mais ses roues à lui étaient épaisses comme ça, trente centimètres environ. Il chargeait deux ou trois monuments et il partait avec les machins comme ça, à Saint-Sever ou à Vire, quand il fallait porter ça dans une marbrerie. Oui, parce que les routes n’étaient pas goudronnées hein. Quand le machin était passé, il y avait des trous partout, ça défonçait la route, hein ! Leprovost, il avait de la terre mais, lui, c’était le transport de granit. Pour les gros blocs, c’était lui, y’en avait pas d’autres. Y’avait des fois six ou huit chevaux pour transporter un bloc ! Attention, il avait 30 tonnes au-dessus hein… C’était des percherons et puis je ne sais quoi. Il y avait peut-être d’autres transporteurs dans d’autres pays mais lui-là, c’était le chef. Il était demandé. Ses enfants avaient un chantier à Coulouvray mais ça n’existe plus. Il était de la génération de mon père à peu près ».

René met cela en parallèle avec l’état des routes du moment. « C’est que les routes maintenant, c’est des boulevards mais, à l’époque, c’était des chemins ! La route de Champ-du-Boult n’était pas goudronnée, c’était pas large. Quand il y en avait un autre qui arrivait en face, il fallait se garer, rentrer dans un champ ou autre chose, sinon il ne pouvait pas passer ! Les routes étaient encaissées. Mais y’avait pas de bull, c’était fait à la main. C’était un cantonnier de commune qui faisait ça. Moi je l’ai bien connu, il est décédé il y a une bonne vingtaine d’années, le père Aumont. Et puis c’était entretenu ses routes : les talus éfarapés, tout ça. Y’avait un trou, il arrivait avec sa brouette et allez hop, il mettait de la terre dessus. Ah mais c’était propre. Mais forcément, il passait un engin comme ça, alors là c’était autre chose ».