René Houstin – Le Gast.
L’exploitation des boules.
Les boules désignent, dans ce secteur du Bocage, les roches qui affleurent au sol dans les champs et dans les bois. « Dans le temps, y’en avait partout. Mais maintenant y’a plus rien, tout a été nettoyé partout. Pas par les granitiers... Mais comme les surfaces de terre louées aux cultivateurs sont de plus en plus grandes, tous ces machins-là ils n’en veulent pas car ils ne peuvent pas passer avec les engins. Et allez hop... Il y a les bulls qui arrivent et qui poussent ça dans un coin et puis c’est bien. Terminé, on n’en parle plus ! ».
René, en tant qu’ancien travailleur du granit, a une connaissance intime de ces roches. Il distingue ainsi les boules, appelées aussi patates, du granit extrait du fond des carrières, dans les termes suivants : « Parce que c’est une pierre qui est morte si on veut. On disait ça comme ça, nous. Parce que la pierre vivante est bleue ou blanche mais là c’est plus foncé, marron si on veut. Y’a des boules en bleu bien sûr mais, beaucoup, c’est du gris. Mais la vraie couleur ce serait plus vite marron. Pierre vivante, pierre morte, ça se disait oui... ».
Ces roches de surface ont longtemps été exploitées pour la construction. « Là, on en avait un, il taillait, il était dans un village plus haut. Souvent, il travaillait dans les champs parce qu’il avait un coin de terre et il y en avait plein dessus. Alors il a exploité tout ça. Il ne travaillait que les boules. Il s’appelait Francis Honoré. Il est décédé il y a peut-être 10 ans. Il travaillait pour les maçons et tout ça. Il vendait sa pierre. Il y avait du déchet dans les boules mais après ça allait dans les chemins. Il y avait des chemins partout alors y’avait des trous. Et hop, tout ça, c’était facile, ça encaissait ».
Extraire des blocs ou des moellons à partir des boules n’est pas un exercice facile. « Si elle était assez grosse, on terrassait autour, à la main. On commençait par l’ouvrir en deux, d’une façon ou d’une autre, pour voir si c’était bon ou pas. Si c’était pas bon, ben c’était poussé dans un coin et puis voilà, ça restait là. Pour l’ouvrir en deux, soit il faisait un trou de mine, et puis poum ! Soit il la fendait avec des mortoises. C’était des trous, c’est plat comme ça en profondeur. Et puis là, on met un clou dedans, un coup de masse dessus et puis ça fend. Enfin, on pouvait la couper, même si elle était dans la terre. Seulement, pour la sortir, c’était une autre paire de manche. Pas question de la mettre sur l’épaule ! On la coupait du côté où on pouvait la sortir ou alors on avait des treuils. Alors, on faisait une sorte de chèvre comme ça et puis avec une poulie et avec le treuil. C’était pas simple. La chèvre, c’était des arbres qu’on avait coupés qui étaient reliés par des boulons ou des trucs comme ça ».