René Houstin – Le Gast.
Chanson, musique, café et pugilat…
René évoque la place de la chanson dans le monde des carriers. « Il n’y avait pas beaucoup de carriers qui ne chantaient pas. Mon père il chantait. Des fois, ils faisaient des soirées comme ça, des samedi ou autre. "On ferait bien un petit rassemblement...". Et alors, mon père et puis d’autres que je connaissais, ils chantaient. Mais des bons chanteurs, hein, pas de la bricole ! Je ne sais plus trop où ils se rassemblaient… Y’avait le menuisier qui vidait sa menuiserie pour ça. C’était comme ça, hein. Ça a duré assez longtemps. Mais y’avait du monde, ça rigolait pas. Et mon père, s’il était tout seul à la carrière, il chantait. Y’avait pas besoin de poste ! ».
La chanson trouve sa place aussi dans les cafés du bourg : « Oui ça arrivait. Quand y’en quatre cinq qui étaient en train de boire un coup et qui disaient "Tiens, toi, t’es un chantoux, allez vas-y, on va te payer un coup !". C’était l’amusement du moment… ».
Dans la jeunesse de René, les cafés ne manquent pas au Gast : « Y’avait trois bistrots là : y’en avait un en bas, un dans le milieu et puis il y avait celui-là. Tout ça, c’était des cafés. Tous les soirs, surtout le samedi, c’était plein, soit y’avait un bal, soit y’avait... Et dans le milieu, y’avait toujours un bal. C’était intéressant parce qu’à peu près toutes les semaines, la vitrine était descendue ! Ah ben oui, parce qu’avec les bagarres... Quand on voyait les gars arriver, parce que c’était des gars de la commune d’à côté qu’avaient eu une histoire, "allez, on va lui casser la gueule". Et pim pom badaboum, par terre... Ah ben le menuisier était content : "ah, ben, j’ai du boulot pour demain !". Quand y’avait un bal, c’était rare s’il n’y avait pas une bagarre, hein ».
Les cafés sont des lieux de rencontre et de convivialité mais aussi des lieux de friction. « On avait un petit père, on l’appelait "Talonnette". C’était un bon bonhomme, il faisait du bois lui. Il travaillait en forêt. Mais quand il était un peu brindezingue comme ça, il cherchait chicane un peu partout ». Les nombreux travailleurs d’origine étrangère se retrouvent également au café. « Oui, parce qu’il y en avait qui travaillaient au bois, dans la forêt, à la plantation, d’autres à l’abattage, en forêt de Saint-Sever. C’était beaucoup des étrangers oui. Des Russes et des Polonais, il y en avait dans les carrières aussi. Les Italiens ils étaient un peu partout mais beaucoup dans le caillou. Ils faisaient du pavé, de la mosaïque, tout ça. Des Polonais, il y en avait un paquet mais il y en avait de toutes espèces. Ça, c’était pas des rigolos hein. Ils chicanaient, ils aimaient ça, ils aimaient la bagarre. Je ne me rappelle pas avoir vu une soirée où y’a rien eu de cassé ».