René Houstin – Le Gast.
Cabanes et forges de chantier.
Une partie de la production granitique se fait au plus près de la carrière, notamment pour les éléments de voirie (bordure de trottoir, pavés, mosaïques…). Cette activité de taille est réalisée par des tâcherons dans des cabanes spécifiques. « La cabane de chantier, dans les carrières, ça faisait parfois 10 mètres de long. Et puis souvent, c’était pas très grand parce que ça évitait de se tirer. Ça fait des éclats et, si on est trop près les uns des autres, on se les prend quoi ». Pour se protéger encore un peu plus, on utilisait des « èches » : « Oui, c’était pour éviter les éclats, comme un panneau si vous voulez. Vous mettez ça debout et les cailloux ne passent pas, hein. C’était pour séparer les ouvriers. La èche c’était fait avec du genêt, de la fougère, avec des trucs comme ça. C’était tressé... C’était de la fougère et puis, de chaque côté, ils mettaient des tiges de bois pour tenir. Le panneau, selon qu’il soit plus petit ou plus grand, à deux on le prenait et on le déplaçait. C’était plus souvent fait en genêt car la fougère, ça faisait de la poussière. Moi je ne m’en suis jamais servi mais ça existait oui ».
Dans ces cabanes rustiques, les ouvriers essaient de travailler dans les meilleures conditions en utilisant notamment des baquets. « Un baquet, c’était tout simplement un bidon de 200 litres qui était plein de gravats et on met la pierre dessus pour travailler à hauteur ».
Chaque carrière possède aussi sa forge. « La forge, c’est gros comme une machine à laver si on veut. Dans le milieu, y’a un trou comme ça où on met le charbon et en dessous y’a un ventilateur, de façon à ce que ça prenne, que ça soit toujours à la même température. Et les poinçons on les met dedans. Et toc toc toc… Dans les grandes carrières, il y avait un forgeron qui ne faisait que ça, que les outils. Et puis mon père, il faisait de tout : il faisait des couteaux, il faisait n’importe quoi. C’est vrai que de ce point de vue-là, il était minutieux ».
« À la forge, il fallait savoir tremper l’acier. Parce que si on le forge, il a pris la forme bien sûr mais si on n’a pas durci l’acier, c’est comme si on n’avait rien fait. Ben non, parce qu’il s’écrase et puis c’est tout. À la forge, on le trempait dans de l’eau. Tous les outils quand je travaillais encore, je partais le soir à la forge pour forger mes outils pour le lendemain ».